Paul de Vivie, nommé également Vélocio, est considéré comme l’inventeur du cyclotourisme. De sa passion inaltérable de la bicyclette, il a contribué à l’amélioration de la mécanique des vélos. Mais il a surtout mis au goût du jour une nouvelle discipline qui compte de plus en plus d’adeptes aujourd’hui. Le voyage à vélo prend son envol en 1881, date à laquelle le Stéphanois enfourche sa 1re bicyclette. À partir de cette époque, les créations du cyclovoyageur s’enchaineront comme le dérailleur, la revue Le Cycliste, le Touring Club France ou la livraison de colis à vélo. Embarquez pour un voyage dans le temps avec CycloVagabond.
Paul de Vivie dit Vélocio
Paul de Vivie naît le 29 avril 1853 à Pernes-les-Fontaines dans le Vaucluse. Il vit avec son père, descendant d’une famille noble, exerçant le métier de Maître des postes. Sa mère, il l’a perd lorsqu’il est âgé de 5 ans. Il passe son enfance à Tarascon, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, puis à Meyzieu dans la périphérie de Lyon. Et c’est à Lachassagne, toujours dans la région Rhône-Alpes, qu’il termine ses études secondaires.
En 1870, il devient courtier dans le commerce de la soie et crée une filiale à Saint-Étienne. En 1876, il se marie à Lyon avec Laurence Burnoud.
Les débuts du cyclotourisme
Grâce à son métier de courtier, il est amené à se déplacer plusieurs fois en Angleterre. Là-bas, il découvre l’industrie du cycle et se prend de passion pour cet univers à 2 roues. Tel un visionnaire, il perçoit le potentiel de ce mode de déplacement. Mais c’est seulement en 1881 qu’il s’installe pour la 1re fois sur la selle d’une bicyclette – un grand bi. Juché sur cet engin du 19e siècle, il sillonne la plaine du Forez en bicycle, puis en tricycle. Imaginez un peu les débuts du cyclotourisme… Paul de Vivie dit Velocio va parcourir des milliers de kilomètres sur des vélos très lourds, au ralenti ! En 1884, un autre homme téméraire se lancera dans le tour du monde à vélo : Thomas Stevens.
En 1886, sa monture s’allège. En effet, il se met à pédaler sur les bicyclettes fabriquées par les frères Gauthier. Ces derniers, inspirés par le vélo de Duncan, un coureur anglais de passage à Saint-Étienne, copient le modèle et créent la 1re bicyclette française. Celle que l’on connaît aujourd’hui.
Paul de Vivie, l’inventeur
À la même époque, à Saint-Étienne, il fonde l’Agence Générale Vélocipédique (AGV) qui devient La Gauloise par la suite. Dans cette manufacture de cycle, il apporte de nouveaux composants aux vélos (changement de vitesse, pédalier, dérailleur, etc.). Il contribue ainsi à l’évolution de la petite reine et met sur le marché la 1re bicyclette de la marque Rudge. Le succès est au rendez-vous ! Velocio avait vu juste, car les vélos au design anglais étaient très demandés en France et avaient très peu de concurrents, mise à part Peugeot.
Mais ce n’est pas tout. Cet inventeur du voyage à vélo continue sur sa lancée. En 1887, il crée la revue Le Cycliste Forézien qui devient Le Cycliste, l’année suivante. C’est dans ce magazine qu’il invente le terme de cyclotourisme. À partir de cette époque, Velocio teste, analyse et commente l’ensemble de ses découvertes ou inventions dans les pages du Cycliste. La plus ancienne publication sportive française sera distribuée jusqu’en 1974.
En 1889, il encourage l’ouverture d’un Touring club de France inspiré du modèle anglais. Un an plus tard, cette association compte plus de 500 membres ! Et si vous vous demandez d’où viennent les coursiers à vélo qui vous livrent votre colis, ne cherchez pas plus loin ! En 1894, Paul de Vivie crée L’Express-Cyclistes, un service de livraison à bicyclette de colis légers !
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Le dérailleur de Paul de Vivie
Ce père fondateur du cyclotourisme a largement œuvré dans l’histoire du dérailleur. Son vœu le plus cher ? Que les bicyclettes deviennent les plus maniables possibles. Pour ce faire, il expérimente de nombreuses mécaniques relatives au changement de vitesse. Bichaine, chaine flottante et bien d’autres encore passent entre les observations expertes de Velocio. Il faut dire qu’avant le dérailleur, l’unique solution pour changer de vitesse était de… retourner la roue arrière ! Bref, le Stéphanois et ses acolytes cyclotouristes se mettent à promouvoir le changement de vitesse, également appelé la polymultiplication. Après de nombreux tests et articles techniques, le dérailleur de Paul de Vivie voit le jour. Le résultat ne se fait attendre et ses amis surnomment cette mécanique « le tas de ferraille » ! Vous trouverez désormais cette célèbre relique au musée d’art et d’industrie de Saint-Étienne.
Outre le dérailleur, Velocio a façonné le vélo de cyclotourisme avec l’amélioration du pédalier, des moyeux détachables, du cadre raccords ou cadre équiangle.
Un philosophe du vélo innovante pour l’époque
Vélocio adhère à la pensée d’Épicure et de Sénèque. À travers sa passion pour le cyclotourisme, il prône un retour à une vie simple. Adepte de la sobriété heureuse, il devient végétarien en 1897. Son alimentation démontre que l’Homme peut pédaler sur de nombreux kilomètres et vivre vieux sans avoir besoin de viande. Et c’est par amour du voyage et des cultures qu’il adopte l’Espéranto. Ce langage universel, inventé pour faciliter la communication entre les peuples, sera parlé par de nombreux cyclotouristes durant leurs périples à l’étranger, jusqu’en 1914 – date à laquelle l’inventeur de l’Espéranto s’éteint et la promotion de sa langue avec.
C’est avec une persévérance acharnée que cet adepte du cyclotourisme défend la pratique du vélo. Il affirme :
« La bicyclette n’est pas seulement un outil de locomotion ; elle devient encore un moyen d’émancipation, une arme de délivrance. Elle libère l’esprit et le corps des inquiétudes morales, des infirmités physiques que l’existence moderne […] – où paraître est tout, être n’étant rien – suscite, développe, entretient au grand détriment de la santé. »
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Les 7 commandements de l’inventeur du cyclotourisme
De cette philosophie de vie, axée sur le bien-être et un retour à l’essentiel, Paul de Vivie en a fait une pensée bien définie. C’est donc à lui que l’on doit les 7 commandements du cyclotouriste :
- Faire des pauses rares et courtes, afin de ne pas laisser tomber la pression.
- Manger et boire fréquemment et légèrement, et ce sans attendre d’avoir faim ou soif.
- Ne jamais attendre d’arriver à une trop forte fatigue, se traduisant par un manque d’appétit et de sommeil.
- Adapter sa tenue régulièrement, se couvrir avant d’avoir froid et faire l’inverse avant d’avoir chaud.
- Vin, viande et tabac sont bannis, au moins au cours du trajet.
- Ne pas trop se dépenser, surtout dans les premiers temps, pour ne pas gaspiller toute son énergie.
- Ne pas continuer par orgueil ou amour-propre.
Une décennie plus tard, une jeune américaine de caractère mettra en application ces 7 préceptes. Annie Londonderry sera la 1re femme à réaliser le tour du monde à vélo.
Le cyclotourisme, un art de vivre à part entière
Ces 7 préceptes sont le fruit d’une pratique intensive de la part de ce passionné de cyclisme. Dès le départ, les routes vallonnées et les cols stéphanois n’ont rapidement plus de secrets pour Vélocio. Mais les itinéraires dans sa région ne lui suffisent plus. C’est ainsi qu’il se lance dans des voyages à vélo au long cours à travers l’Italie, la Suisse et la France. En 1900, il franchit les cols du Petit et Grand Saint-Bernard. En 1903, c’est un Saint-Étienne/Menton, aller-retour, sur 950 km en 4 jours qui s’inscrit dans ses nombreuses escapades. Il roule en moyenne près de 20 000 km par an, pédalant pendant 40 h sur certaines étapes ! Autant dire qu’en ce début du 20e siècle, il réalise une véritable bravoure ! D’ailleurs, ces sorties vélo ont donné naissance à quelques grands itinéraires bien connus des cyclovoyageurs tels que Pâques de Provence ou les Diagonales de France.
En 1965, l’écrivain américain Clifford Graves déclare :
« Vélocio était un humaniste. Il a utilisé la bicyclette pour le conduire à la discipline morale. Grâce à sa bicyclette, il a pu communier avec le soleil, la pluie, le vent. Pour lui, la bicyclette était l’expression d’une philosophie personnelle. Pour lui, la bicyclette était un instrument au service d’un idéal ; le vélo était le chemin de la liberté physique et spirituelle. »
Velocio, un héritage pour le monde du vélo
Paul de Vivie a laissé un héritage précieux dans l’univers du cyclisme et du cyclo long cours, à Saint-Étienne notamment. C’est le cas avec la journée Vélocio. Chaque année, cette épreuve cycliste de côte rend hommage au fameux personnage. D’ailleurs, en 2022, à l’occasion du centenaire de Paul de Vivie, les cyclistes ont gravi la montée du col de la République à St-Étienne, accompagnés de nombreuses festivités.
Paul de Vivie est mort, renversé par un tramway, le 4 mars 1930, à l’âge de 76 ans. L’histoire ne nous dit pas s’il était à vélo ou à pied. Son corps repose au cimetière de Loyasse, à Lyon. Pour honorer l’inventeur du cyclotourisme, un monument est érigé au col du Grand Bois, à 17 km de Saint-Étienne. Grâce à ce grand monsieur, le cyclotourisme a acquis ses lettres de noblesse.
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Source : Paul de Vivie, dit Vélocio – L’évolution du cycle et le cyclotourisme de Raymonde Henry, date de parution 01/09/2005, éditeur Musée d’art et d’industrie.
Bonjour, à propos de la fin de l’affirmation
» parlé par de nombreux cyclotouristes durant leurs périples à l’étranger, jusqu’en 1914 – date à laquelle
l’inventeur de l’Espéranto s’éteint et la promotion de sa langue avec. »
elle contient deux erreurs que je me permets donc de vous signaler par ces compléments d’information :
– l’inventeur de l’espéranto n’est pas mort en 1914 mais le 14 avril 1917 ;
– et la promotion de l’espéranto ne s’est pas « éteinte avec » : voir, par exemple chez les cyclotouristes :
l’épopée, 30.000 km à vélo(-rail sur le transsibérien), d’un Français dans l’entre-deux-guerres
( à https://fr.wikipedia.org/wiki/Lucien_Péraire mais surtout à https://peraire.huma-num.fr/fr * ! )
* un site énorme avec cartographie de son voyage étape après étape et des centaines de photos d’époque, alimenté et géré par une équipe du CNRS : l’UMR 8560.
Et le site de l’actuel Mouvement international des cyclistes espérantistes (http://bemi.free.fr/fr.htm) offre un petit lexique multilingue interactif grâce auquel vous pourrez, sans connaître l’espéranto, traduire 73 termes techniques relatifs au vélo, du français en une vingtaine de langues (dont bien sûr l’espéranto qui a servi de langue pivot entre elles toutes, et maintenant l’ukrainien aussi) ou même de n’importe laquelle de ces langues à n’importe quelle autre en deux clics à http://bemi.free.fr/biciklo sur leur nom : Français Asturianu Беларуская Dansk Deutsch Schwiizerdütsch English Esperanto Español Eesti Suomi Magyar Italiano Nederlands Polski Português Português (Brazil) Русский Svenska Українська 汉语 .
( Il y a chaque année des périples communs à vélo en espéranto à travers plusieurs pays, avec très souvent si ce n’est presque à chaque fois, des hébergements chez des espérantistes, entre autres grâce au couchsurfing gratuit pour espérantophones, à https://www.pasportaservo.org : vous pouvez aller y jeter un coup d’oeil aussi, mais là, c’est… tout en espéranto ! )
Bonnes ballades à tou(te)s, en France ou à l’étranger (et dans ce cas n’hésitez pas à regarder un peu l’espéranto, par exemple les possibilités de cours gratuits en ligne à https://esperanto.net/fr ou en seulement 12 leçons à https://esperanto12.net/fr ou encore par duolingo etc. ou l’association plus générale dont BEMI est membre (https://uea.org/info) ou sa section nationale https://esperanto-france.org où il y en a plus en français.)
Amike ( = « amicalement », en espéranto )
Christian
Bonjour Christian,
Waouh ! Merci beaucoup pour ce complément d’information très approfondi ! Nous sommes ravis de constater que l’Esperanto est une langue encore bien « vivante » parmi les passionnés et plus encore, parmi les cyclistes voyageurs. 🙂