Le mont Fitz Roy en Patagonie, du rêve à la réalité

Un grand merci à Florence Mallet pour la rédaction de cet article en direct de l’Argentine !

Vous voilà décidés à vivre l’aventure de votre vie : parcourir la célèbre Ruta 40 à vélo, qui traverse l’Argentine du nord au sud, en longeant la Cordillère des Andes. Un seul mot, « Patagonie » et votre imaginaire s’emballe. Mais parce qu’un tel périple ne s’improvise pas et qu’il serait dommage de passer à côté de sites naturels incontournables sans vous arrêter de pédaler, vous avez déjà fait quelques recherches approximatives. Dans votre longue liste des points d’intérêt et haltes immanquables en Patagonie australe, figure désormais le nom « Fitz Roy », dans le fameux parc des Glaciers. Mais puisqu’une vie entière ne suffirait pas pour découvrir toutes les merveilles de la nature de cette région mythique du bout du monde, vous voilà contraint de faire des choix cornéliens. Mais au fait, le mont Fitz Roy en Patagonie, également appelé cerro Chaltén vaut-il vraiment le détour ? Qu’a-t-il de plus que toutes les autres montagnes des Andes ? Suivez le guide ! CycloVagabond vous dit tout sur ce sommet emblématique d’Amérique du Sud qui aurait inspiré Antoine de Saint-Exupéry pour illustrer le Petit Prince ; et dont l’aiguille de granite qui transperce les nuages fait à la fois rêver et trembler les alpinistes de tous les temps.

Sommaire

Carte d’identité de la « montagne enfumée »

Caractéristiques géographiques du mont Fitz Roy

Le mont Fitz Roy ou cerro Chaltén se trouve en Patagonie méridionale, à la frontière entre l’Argentine et le Chili. Du haut de ses 3405 mètres, il est le point culminant du massif du Fitz Roy, lui-même divisé en deux chaînes de montagnes connues pour leurs sommets effilés : celle du mont Fitz Roy et celle du cerro Torre. Le massif se trouve dans deux parcs nationaux : le parc national Los Glaciares en Argentine, déclaré Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1981, et le parc national Bernardo O’Higgins au Chili. Véritable barrière naturelle, il est délimité à l’ouest par le Campo de Hielo Sur ou Champ de glace Sud de Patagonie — avec ses 47 glaciers et ses multiples lacs couleur émeraude parsemés d’icebergs —, et à l’est par la pampa sèche. Le point de départ argentin des excursions pour admirer la splendeur et la prestance de la célèbre montagne à la cime affûtée, est le petit village de charme El Chaltén. On y accède en vélo depuis la Route nationale 40 par un coup de guidon pour bifurquer sur la Route provinciale 23, agréablement droite et goudronnée. Et c’est parti pour 87 km qui nous laissent largement le temps d’admirer la beauté du lac Viedma, et d’entrevoir déjà les pics aiguisés des mont Fitz Roy et cerro Torre.

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Une montagne aux identités multiples

Le cerro Chaltén doit son nom au peuple indigène aonikenk ou tehuelche méridional. Il s’était établi dans les plaines autour du Lac de Viedma bien avant l’arrivée des conquérants espagnols, comme l’attestent plusieurs vestiges archéologiques. On trouve plusieurs hypothèses quant à l’origine du nom du célèbre monolithe de granite. Dans la langue des Aonikenks, Chaltél signifiait, selon le spécialiste Mario Echeverría Baleta, « bleu » ou « bleuté ». La « montagne bleutée » aurait été baptisée ainsi par Elal, demi-dieu de la mythologie tehuelche, et le cygne Kelfü. Selon une autre hypothèse, Chaltén signifierait dans cette même langue « la montagne qui fume ». Cette périphrase fait référence aux nuages cotonneux accrochés presque en permanence à son sommet. Les Occidentaux crurent d’ailleurs longtemps qu’il s’agissait d’un volcan, jusqu’à démonstration du contraire en 1902.

La « montagne fumante » fut par la suite baptisée « mont Fitz Roy » par le naturaliste et explorateur argentin Francisco Moreno lors de son expédition en 1877. Il s’agit du nom du capitaine britannique Robert Fitz Roy qui l’avait précédé dans ses explorations.

Au cours des années 2010, plusieurs projets de loi ont été présentés pour débaptiser le mont Fitz Roy et qu’il n’ait d’autre nom que celui de cerro Chaltén. Leurs représentants s’appuyaient sur la Constitution argentine qui « reconnaît la préexistence ethnique et culturelle des peuples indigènes. » Ils sont restés sans suite.

Le mont Fitz Roy est représenté sur le drapeau de la province de Santa Cruz, dont il est le symbole, et sur le blason du village El Chaltén.

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Le mont Fitz Roy et les hommes : entre sacralisation, explorations scientifiques et folie des grandeurs

Un site naturel sacré

Le mont majestueux a toujours fasciné les hommes qui ont eu la chance de pouvoir l’admirer, l’approcher et même le gravir au cours des siècles. Il était unemontagne sacrée dans la cosmogonie des indiens aonikenk. Elal, héros principal de leur mythologie, fut amené par un cygne au sommet du Cháltel alors qu’il était encore un tout petit enfant. Il y resta 3 jours et 3 nuits avant de descendre sur Terre pour créer et éduquer le peuple tehuelche. Il révéla aux hommes le secret du feu, leur enseigna l’art de la chasse et leur transmit certains principes moraux et règles de conduite.

Un objet d’études scientifiques et d’enjeux politiques

L’approche et la relation des Occidentaux avec le mont Fitz Roy sera bien différente de celle de la communauté indienne. Ils le découvrent en 1782, lors de l’expédition organisée par Francisco de Biedma y Narváez, officier de marine espagnol. L’objectif de ce dernier est alors d’explorer les terres intérieures de la Patagonie. Les Espagnols prennent pour guides les indiens tehuelches. La seconde expédition destinée à explorer les environs du mont granitique façonnés par les vents violents, fut celle dirigée par l’anglais Robert Fitz Roy en 1834. Il partit de l’embouchure du fleuve Santa Cruz et prévoyait de le remonter jusqu’au lac Viedma. Bien qu’ayant dû interrompre le voyage, il parcourut 300 km de rivière et pu apercevoir au loin la fameuse montagne pyramidale.

En 1877, le géographe argentin Francisco Moreno est chargé de définir le tracé précis de la frontière entre l’Argentine et le Chili. Le Fitz Roy est officiellement reconnu comme un point fixe de la limite entre les deux pays.

Les différentes vallées du massif du Fitz Roy ne seront en revanche explorées que dans les années 1930, lors des expéditions dirigées par Alberto María De Agostini. Ce missionnaire salésien italien fut le premier à traverser le Champ de glace Sud de la Patagonie.

Un terrain de jeu unique pour les alpinistes chevronnés à la recherche de défis périlleux et de sensations fortes

Après plusieurs tentatives d’ascension échouées, ce sont les alpinistes français Lionel Terray et Guido Magnone qui le graviront pour la première fois en 1952. Plusieurs voies d’ascension seront explorées et ouvertes au cours du 20^e siècle.

En 1979, l’italien Renato Casarotto réalise un exploit : l’ascension du pilier nord, après avoir lui-même échoué à deux reprises !

Le défi vous tente ? Sachez que l’ascension du mont Fitz Roy est particulièrement dure et vertigineuse. (Même pour les grimpeurs du Tour de France !) Il s’agit de l’une des montagnes les plus difficiles à escalader au monde en raison de ses parois en granite et des conditions climatiques souvent extrêmes.

Découvrez un extraordinaire récit de l’ascension du Fitz Roy par quatre amis argentins.

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De nombreuses randonnées à couper le souffle pour découvrir le Fitz Roy en Patagonie

Si le mont Fitz Roy est visible depuis le village El Chaltén, de nombreuses excursions… pédestres… ne vous feront pas regretter d’avoir délaissé votre deux roues ! Et quoi de mieux que des jambes de coureur cycliste pour arpenter les chemins de randonnée en montagne ?

Voici nos suggestions :

La balade jusqu’au Chorillo del Salto : découvrez cette très jolie cascade d’environ 15 m de hauteur, à seulement 4 km du village, en continuant sur la Route 23 à pied ou en vélo.
La promenade jusqu’à la laguna Capri : en 3 ou 4 heures aller-retour vous pourrez profiter de splendides vues sur le mont Fitz Roy. La marche commence un peu fort, mais devient plus facile ensuite.
Le trek jusqu’à la laguna Torre : il dure entre 7 et 8 heures aller-retour. Il est possible de passer la nuit dans le campement De Agostini pour profiter d’un coucher de soleil inoubliable sur la lagune Torre où flottent les morceaux de glace bleutés, et sur l’impressionnante aiguille du cerro Torre.
L’extension jusqu’au glacier Torre : la présence d’un guide est obligatoire pour cette excursion. Une fois arrivés à la laguna Torre, au lieu d’aller jusqu’au mirador Maestri, vous traversez le río Fitz Roy en tyrolienne. Après avoir avancé dans la forêt puis à travers les rochers sous le glacier, vous revêtez votre équipement pour marcher sur le glacier : crampons, baudrier et bâtons. Préparez-vous à découvrir un panorama à couper le souffle comprenant le mur sud du cerro Torre, les aiguilles Bifida, Egger et Standhard, et la face sud-ouest du Fitz Roy.
La randonnée au lago de los Tres : elle vous prendra la journée aller-retour (environ 9 h). Vous marchez environ 2 h avec un faible dénivelé à travers la forêt jusqu’au camp Poincenot situé au pied du mont Fitz Roy. Un sentier grimpe ensuite jusqu’ à la laguna de los Tres. Il faut compter environ 1 heure et demie à un rythme tranquille pour réaliser la dernière montée. Il s’agit de l’une des randonnées les plus élevées du parc Los Glaciares. Vous pourrez profiter d’une vue spectaculaire sur les monts Fitz Roy et Poincenot ainsi que sur les aiguilles Mermoz, Saint Exupéry et Guillaumet, des noms des célèbres pilotes de l’Aéropostale. Pour retourner vers El Chaltén, en fonction de votre forme, vous pourrez passer par les lagunas Hija et Madre, puis par la laguna Capri. Sur un trek de plusieurs jours, vous pouvez passer la nuit au camp Poincenot et profiter d’un merveilleux coucher ou lever de soleil sur le mont Fitz Roy.
La randonnée jusqu’à la Loma del Pliegue Tumbado: il faut compter 8 à 10h aller-retour. Par temps dégagé, vous aurez une vue imprenable à la fois sur le mont Fitz Roy et le cerro Torre.
Enfin, si délaisser votre chère bicyclette vous fend le cœur, il est possible de continuer à vélo sur la Route provinciale 23 jusqu’au lago del Desierto. Vous suivez le río de las Vueltas et roulez sur 37 km de route non goudronnée. À l’approche du lac, la forêt indigène est de plus en plus dense. Les couleurs d’automne offrent un panorama particulièrement spectaculaire. Si vous êtes adepte du mountain bike, des guides locaux pourront vous emmener en excursion hors des sentiers battus.

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mont fitz roy patagonie el chaltén — El Chaltén

Informations et conseils pour que votre séjour rime avec plaisir et sécurité

Quel est le climat dans le massif du Fitz Roy ?

Comme c’est souvent le cas en montagne, le climat dans le massif du Fitz Roy est très changeant ! Il est tout à fait possible de vivre les 4 saisons dans une même journée et on distingue de nombreux microclimats. Au village de El Chaltén, les températures peuvent osciller entre -8° et 23 ° sur l’année. En haute saison (janvier-février), il peut y avoir un écart thermique important entre des journées chaudes à 20° ou plus et des nuits froides, à 5° ou moins. Les températures baissent en prenant de l’altitude. Les vents sont puissants, souvent continuels dans la zone. Les précipitations sont irrégulières. Sur le versant ouest du massif, côté pacifique, elles sont particulièrement abondantes, avec jusqu’à plus de 5 m de pluie par an. Elles sont plus faibles sur le versant est. Il pleut environ 85 cm par an dans le village de El Chaltén.

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Quand prévoir ses excursions ?

D’une manière générale, il est conseillé de parcourir la Route 40 à vélo en Patagonie méridionale à la belle saison, entre octobre et avril pour bénéficier d’un climat tempéré. La période la plus agréable pour découvrir les glaciers est celle de l’été austral, de décembre à février. Le fameux vent patagonien souffle toujours en été, mais les températures sont plus douces. Un voyage en mars-avril permet toutefois de profiter de somptueux paysages de forêts aux couleurs d’automne sur fond de monts enneigés.

Conseils de sécurité

Pour votre sécurité et que le rêve ne vire pas au cauchemar, il est indispensable avant de randonner de consulter la météo ainsi que l’état des sentiers. Certains deviennent en effet impraticables en cas de pluie ou de neige. Les randonnées sont bien balisées dans l’ensemble et la présence d’un guide n’est généralement pas obligatoire sauf sur certaines excursions comme celle au glacier Torre.

fitz roy argentine — Randonnée au mont Fitz Roy en Argentine

Quel équipement emporter ?

En tant qu’adepte du cyclisme au long cours, vous êtes certainement un fin connaisseur de toutes sortes d’équipements pour braver les intempéries et les caprices climatiques. Nous nous permettons de vous faire tout de même quelques recommandations pour vos escapades dans le massif du Fitz Roy. Il est conseillé d’avoir de vraies chaussures de randonnée, des vêtements chauds et imperméables (qui sèchent rapidement en cas de pluie) ainsi que des gants. N’oubliez pas que même si les températures sont correctes, le vent peut être glacial et le temps changer d’une minute à l’autre. Bien sûr n’oubliez pas d’emmener pique-niques et encas, ainsi que de l’eau. (Il est possible de boire dans l’eau des torrents en chemin). Enfin, le soleil tape fort en Patagonie, même par temps nuageux. N’oubliez donc pas casquette, lunettes de soleil et crème solaire !

Nul doute qu’une fois tous ces détails pratiques pris en compte, vous partirez à l’aventure l’esprit serein et disponible ! Le mont Fitz vous offrira alors certainement l’un des plus beaux décors de votre voyage au cœur de la Patagonie. Cette terre de tous les extrêmes, de tous les fantasmes et de tous les défis, écrin des plus beaux joyaux de Dame Nature… Cette terre où la magie opère…

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