Votre journée à vélo se termine. Vous avez pédalé pendant des heures, grimpé des côtes et dévalé des pentes à toute allure. Vous n’avez qu’une envie : vous enrouler dans votre duvet et plonger dans un doux sommeil au cœur d’une forêt. Seulement, voilà. Il vous faut trouver un lieu sûr où installer votre campement. Vous vous demandez alors si vous avez le droit de planter votre tente là où bon vous semble. Eh oui, sur le vieux continent, chaque pays détient ses propres réglementations relatives au bivouac et camping sauvage. Autorisé ou interdit, où faire du bivouac en Europe ? Comment choisir un bon emplacement et quel équipement emporter ? Tour d’horizon et conseils pour bivouaquer à vélo sur les territoires d’Europe.
Bivouac en France
En France, le gouvernement autorise le bivouac et le camping sauvage dans tous les lieux où il n’y a pas de signalétique l’interdisant. En revanche, des restrictions existent, selon l’Article R111-42. C’est ainsi que vous n’avez pas le droit de camper :
- dans les réserves naturelles ;
- sur les sites sauvegardés au patrimoine de la nature ;
- en bord de mer ;
- à moins de 500 mètres d’un monument inscrit au patrimoine ;
- à proximité des points d’eau destinée à être consommée ;
- sur les chemins et voies publiques ;
- sur les terrains et chemins privés.
Bien entendu, les lois s’avèrent plus restrictives pour le camping sauvage avec véhicule. Tandis qu’un bivouac d’une nuit sera toléré. C’est le cas dans les 10 parcs nationaux de l’Hexagone. Par exemple, un bivouac en Chartreuse, dans les Cévennes, les Pyrénées ou la Vanoise est possible entre 19 h et 8/9 h du matin. Le bivouac en Corse reste légal, mais très mal perçu par la plupart des habitants.
Bivouac en Italie
Parmi les bivouacs en Europe, l’Italie ne dispose pas de réglementation au niveau national. Les décisions se prennent région par région. Ainsi, certains territoires interdisent le camping sauvage et le bivouac. C’est le cas de la Sardaigne, l’Émilie-Romagne, le Frioul et la Vénétie.
Dans le reste de l’Italie, renseignez-vous auprès de la mairie pour connaître les espaces où le bivouac est légal. Mais la célèbre botte reste un pays européen incomparable en matière de diversité des langues, de gastronomie et de lois. Et le bivouac ne fait pas exception.
Ainsi, 2 régions ajoutent leurs propres règles à ce beau méli-mélo : la Vallée d’Aoste et le Trent-Haut-Adige. Au cœur de ces magnifiques territoires de montagne, il est interdit d’installer sa tente près des agritourismes, hôtels et autres infrastructures touristiques. Dans la Vallée d’Aoste, le bivouac est autorisé uniquement au-dessus de 2500 m d’altitude, loin des refuges. Le parc national du Gran Paradiso l’interdit. Toutefois, vous trouverez des zones prévues pour le bivouac situées dans certains parcs.
À Malte, qui rappelons-le n’est pas une île italienne, mais bien un petit État, la règle est claire : interdiction de bivouaquer et de faire du camping sauvage. De fait, il n’y a pas d’ambiguïté pour les voyageurs à vélo de passage.
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Bivouac en Suisse
De manière générale, le camping sauvage n’est pas interdit par la loi en Suisse. Mais, elle ne l’autorise pas de partout. En fait, chaque canton définit ses propres règles. Et bon nombre de cantons interdisent de planter une tente en dehors des aires de camping… Pour ne pas risquer de vous faire déloger en pleine nuit, demandez des infos camping sauvage à la commune avant de vous installer.
À savoir que vous pourrez toujours :
- vous reposer en montagne, loin des habitations et des sentiers (en démontant chaque jour votre campement) ;
- vous installer dans un champ privé avec l’autorisation du propriétaire ;
- bivouaquer en urgence si vous terminez votre journée à vélo sur les rotules.
Bivouac en Allemagne
Le bivouac en Europe varie d’une destination à l’autre. Dans certaines contrées, comme l’Allemagne, les lois se bigarrent encore selon les régions. Ainsi, bivouaquer en Allemagne est possible. Après une journée à pédaler sur les routes allemandes, vous avez le droit d’installer votre tente dans la nature. Mais attention ! Vous veillerez à être suffisamment éloignés des habitations et des structures de loisirs. Comme partout ailleurs sur le Vieux Continent, d’ailleurs. Et bien sûr, vous ne passerez pas la nuit dans une réserve naturelle, un parc national ou une zone de protection de la nature. Sous peine de repartir avec un porte-monnaie bien plus léger pour cause d’amende.
Bivouac en Espagne
La politique en matière de bivouac en Espagne se joue à un niveau régional. Chaque Communauté Autonome applique ses propres règles. Mais l’Espagne considère l’acte de bivouaquer selon que vous disposez d’un abri ou pas. En d’autres termes, il y aura 2 lois : l’une pour le bivouac avec tente, l’autre pour la nuitée sans abri. Pour éclaircir ces propos, prenons quelques exemples :
- Dans les Asturies, le bivouac avec tente est interdit, sans la tente il est autorisé.
- En Andalousie, même constat.
- Sur les îles Canaries, vous devez demander l’autorisation de la commune pour bivouaquer avec une tente. Tandis que vous pouvez passer la nuit dehors avec un simple duvet.
Vous l’aurez compris, il est indispensable de vérifier vos droits auprès des autorités de chaque région.
En Andorre, le bivouac est interdit au-delà de 2000 m d’altitude. Par contre, il est légal autour d’un refuge, si celui-ci affiche complet.
Bivouac en Autriche
En Autriche, le camping sauvage est juste proscrit. Cependant, vous avez la possibilité de camper dans une forêt non protégée. En fin de compte, si vous bivouaquez avec discrétion et en évitant les zones interdites, vous minimiserez les risques d’amende. Gardez à l’esprit qu’il est strictement interdit de camper dans les parcs nationaux et les réserves. Dans ce cas, il est conseillé de prévoir un budget hébergement pour votre voyage à vélo.
Bivouac au Royaume-Uni
En Angleterre, le bivouac et le camping sauvage sont formellement interdits. Exception faite à travers la contrée de Dartmoor. Même constat en Irlande. Vous pouvez tout de même trouver des endroits éloignés où le bivouac sera toléré. En revanche, l’Écosse est le pays idéal pour dormir en pleine nature avec votre vélo. Vous trouverez des informations précises sur le site Outdoor Access Scotland. Dans certains endroits, vous serez plus libre que dans d’autres. Renseignez-vous bien avant de partir à l’aventure.
Bivouac en Islande
En Islande, les lois sont strictes : le camping sauvage véhiculé est illégal à toues les saisons. En revanche, le bivouac est autorisé pour les voyageurs à vélo et les randonneurs. Bien entendu, la pratique est limitée dans les parcs nationaux et les zones habitées. Si vous pédalez à moins de 1 km d’un camping ou d’une ville, vous devrez pousser votre vélo jusque là-bas. Également, avant d’installer votre équipement, prenez garde à ce que le terrain ne soit pas privé. Si c’est le cas, demandez au propriétaire son accord ou abandonnez votre projet.
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Bivouac aux Pays-Bas et en Belgique
Là-bas, la situation ne laisse pas de place au doute. Le camping sauvage est par principe interdit et la note se révèle salée en cas d’infraction. Aussi, pour un bivouac en Europe, passez votre chemin. Vous ne pouvez pas non plus vous installer sur un terrain privé. Il faut dire que dans le pays du vélo, les campings sont parfaitement aménagés pour les cyclotouristes de passage. De même, en Belgique, la pratique est illégale. Pour accueillir les touristes véhiculés et les voyageurs à vélo, la région offre des aires de bivouac installées en pleine nature.
De même, au Luxembourg et au Lichtenstein, les autorités refusent, de manière ferme, le camping sauvage et le bivouac.
Bivouac au Portugal
Alors, où bivouaquer en Europe ? Au Portugal qui ne fait pas de distinction entre le camping sauvage en van et le bivouac à vélo. Du coup, vous êtes autorisé à rester 48 h maximum au même emplacement. Vous ne pouvez pas planter votre habitat dans les zones protégées et les réserves naturelles 2000. Et, vous devez lever le camp au plus tard à 7 h du matin. Bien entendu, les feux sont à éviter.
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Bivouac en Scandinavie
La Suède, la Norvège et la Finlande offrent un accès à la nature à tout le monde. Autrement dit, vous pouvez dormir en plein air lors de vos voyages en itinérance. C’est la loi Allemannsretten, le « droit de tous » en français, qui inscrit le libre accès à la nature comme un droit officiel. Vous devez tout de même respecter les conditions du bivouac en Europe : se tenir à plus de 150 m des habitations, demander l’autorisation des propriétaires sur les terrains privés, ne pas laisser de traces.
Cette loi existe aussi au Danemark. Mais, dans ce pays voisin du nord de l’Europe, les règles sont toutes autres. Officiellement, le camping sauvage est en principe interdit. Toutefois, les autorités concèdent les nuits à la belle étoile dans de nombreuses forêts. Cela vaut la peine de se renseigner avant de partir. Il existe également des zones grises où les lois ne sont pas précises. Ce qui autorise le bivouac sur ces terres.
Bivouac en Europe dans les Balkans
Avec l’autorisation de bivouaquer
- Albanie ;
- Roumanie ;
- Kosovo ;
- Serbie ;
- Bosnie-Herzégovine.
Avec l’interdiction de bivouaquer
- Grèce ;
- Croatie ;
- Macédoine ;
- Slovénie ;
- Monténégro.
Bivouac en Europe dans les pays baltes
Dans les pays baltes, le camping sauvage et le bivouac sont autorisés sur l’ensemble des territoires tout au long de l’année. Si vous traversez à vélo l’Estonie, la Lettonie ou la Lituanie, vous pourrez faire une halte pour la nuit sans inquiétude. Il faut dire que les campings locaux restent très peu équipés. Après votre randonnée à vélo ou à pied, vous ne verrez donc pas une grande différence… et les autorités non plus.
Bivouac en Europe de l’Est
Dans les autres pays de l’Europe de l’Est, la logique est de mise. Plus la région est touristique, plus les États protègent leur environnement. Dès lors, en Pologne, Hongrie, République tchèque et Bulgarie, il est interdit de poser son campement en toute liberté. En revanche, à Chypre, en Slovaquie ou en Biélorussie, vous avez tout le loisir de camper où bon vous semble. Bien entendu, toujours avec votre bon sens. On demande la permission avant de s’installer sur les terrains privatifs, on se fait discret loin des maisons et on respecte le milieu naturel.
Choisir un bon emplacement de bivouac : tout un art !
Afin de passer une nuit récupératrice, ne posez pas votre tente à la 1re lisière rencontrée. Comme nous l’avons vu un peu plus haut, il est nécessaire de pédaler vers un lieu isolé. Loin des habitations, des monuments et des points d’eau potable, vous êtes sûr de ne pas vous faire déloger.
Pour trouver un bon emplacement de bivouac en Europe, commencez votre recherche avant la nuit. Vous avez ainsi du temps pour aller et venir, comparer et choisir. Et ce, avant d’être totalement épuisé par votre itinérance à vélo.
L’idéal est de vous mettre entre des roches ou derrière une dune afin de vous protéger du vent. En montagne, évitez les plateaux sans arbres pour ne pas attirer la foudre en cas d’orage. De même, levez la tête et vérifiez que vous n’êtes pas dans une zone d’éboulement. Enfin, la surface doit être plane pour ne pas vous enrouler dans le duvet la nuit.
Adopter un comportement responsable en bivouac
La 1re règle en bivouac est de trouver un emplacement autorisé. La seconde est de prendre soin de l’environnement. On applique le fameux concept du Leave no Trace – sans laisser de trace, en français. À votre départ, le lieu doit être dans le même état que vous l’avez trouvé en arrivant. Voire plus propre encore. Ce qui signifie : pas de déchets, pas de feu et pas de produits d’hygiène polluants.
Par exemple, pour vous laver ou faire la vaisselle en bivouac, vous pouvez utiliser un savon outdoor multi-usage. Ce petit flacon de liquide ultra-concentré vous offre plusieurs utilisations sans prendre de place dans vos sacoches à vélo. La marque Sea to Summit propose un savon pour les mains en format de poche, très efficace pour se rafraîchir n’importe où. Toutefois, les produits ne sont jamais biodégradables à 100 %. À utiliser avec parcimonie donc.
Enfin, certains pays d’Europe vous autorisent à allumer un feu en bivouac. Toutefois, cet acte représente toujours un risque pour la faune et la flore. Du coup, on oublie l’idée et on préfère utiliser un réchaud avec prudence. Et si vous vous trouvez dans une zone à risque d’incendie en plein été, mangez un repas froid. La nature s’en portera beaucoup mieux.
L’équipement indispensable pour bivouaquer à vélo
La tente de bivouac
Celle-ci sera votre seul petit habitat dans la nature. Choisissez-la bien. Avec une tente autoportante, vous n’avez pas besoin de planter des sardines ; elle tient toute seule, sur n’importe quel sol. Certes, elle est légèrement plus lourde qu’un modèle classique. Du coup, elle convient moins pour un voyage à vélo en Bikepacking. Mais, dans certains lieux en Europe, vous aurez du mal à trouver le combo idéal : un sol mou pour les sardines et isolé du reste du monde. La marque MSR reste incontournable. CycloVagabond vous recommande également la tente de bivouac et bikepacking Big Agnes. Elle n’est pas autoportante, mais extrêmement légère, spacieuse et dotée d’un auvent, pratique pour cuisiner par mauvais temps.
Le sac de couchage
Il existe de nombreux modèles. Plus vous irez vers un duvet chaud, plus il sera encombrant. Et si vous souhaitez un sac très chaud et petit, cela vous coûtera une somme importante. Aussi, CycloVagabond vous conseille de faire un compromis : achetez un sac de couchage 0°. Vous en trouverez chez Décathlon, bien que la meilleure marque reste encore Sea to Summit. Pour les jours plus froids, vous pouvez ajouter un drap de sac qui augmente la température de votre couchage.
Le matelas
Le matelas est un élément important de votre chargement. Après avoir pédalé sur de nombreux kilomètres, vous aurez besoin d’une « literie » confortable pour votre dos. Choisissez un matelas douillet, mais pas trop lourd. CycloVagabond vous recommande la marque Sea to Summit. Celle-ci propose 4 modèles de couleurs différentes. Ces derniers vont du moins au plus isolant : jaune, orange, gris, noir. CycloVagabond a opté pour le matelas orange qui est léger et très confortable avec sa forme de sarcophage. En prime, il devient mini une fois enroulé.
Les repas en bivouac
En voyage à vélo, le repas en fin de journée est celui qui vous réconforte. Comme nous l’avons vu précédemment, préférez un réchaud jetboil plutôt qu’un feu de camp. D’ailleurs, dans presque tous les parcs nationaux, ceux-ci sont interdits. Côté aliments, choisissez des denrées à longue conservation comme les céréales, les légumineuses et les oléagineux. Des pâtes ou du riz cuisent beaucoup plus vite et ne prennent pas de place dans vos sacoches. Avec les lyophilisés, vous n’avez besoin que de votre thermos d’eau chaude.
Avant de rejoindre votre bivouac, arrêtez-vous chez les commerçants locaux. Cela vous permet d’acheter des légumes frais, de profiter des saveurs de la région et de faire travailler les habitants. Pour l’équipement, une popote et quelques ustensiles de cuisine feront l’affaire. N’oubliez pas un filtre à eau pour boire l’eau des rivières sans tomber malade.
Le petit matériel de bivouac
D’autres accessoires apporteront du confort à votre itinérance en vélo :
- Un siège pliable pour les voyages au long cours vous apporte une touche de confort lorsque vous en avez assez de vous asseoir à même le sol.
- Une frontale pour vous déplacer la nuit, lire dans votre abri ou faire fuir les animaux sauvages.
- Une bâche qui vous isolera du sol lorsque vous vous installerez après une journée pluvieuse.
Une fois que vous avez posé votre tente, sortez le matelas, le duvet et vos affaires. Si le soleil brille encore, ce sera l’occasion de tout aérer et de faire sécher.
Les applications pour le bivouac à vélo
Plusieurs applications peuvent vous aider à trouver un spot tranquille pour la nuit :
- iOverlander : cette application vous permet de trouver des sites de bivouacs en Europe, mais aussi des campings, des hôtels, des restaurants, des points d’eau.
- HomeCamper : vous réservez votre place dans un jardin ou un parc. Le gamping est payant, mais très pratique lorsqu’on ne veut pas prendre de risques avec les lois.
- Welcome to my Garden : même principe que HomeCamper sauf que le bivouac chez l’habitant est gratuit. Vous n’avez qu’une cotisation annuelle à régler pour vous inscrire à l’application.
- Google Maps : la vue satellitaire et la Street View vous permettent de repérer les spots sans habitation.
Bivouac en Europe ou camping sauvage : quelles différences ?
Entre camping sauvage et bivouac, votre cœur balance ? Vous avez raison de vous poser la question. Toutefois, il existe une différence de taille : celle de votre moyen de locomotion. En effet, bivouaquer signifie camper une seule nuit au même endroit, du coucher du soleil à l’aube. Et ce, dans une toile. Vous arrivez donc sur place en 2 roues, à pied ou en voiture. Tandis que faire du camping sauvage revient à garer son van ou son camping-car – parfois pendant plusieurs jours – dans un lieu non aménagé. Inutile de préciser que le bivouac en Europe est mieux admis que le camping sauvage.
En général, le bivouac en Europe est bien toléré dans de nombreux pays, voire autorisé dans certains. Mais pour ne pas vous attirer les foudres des locaux, restez léger et discret. Le mot d’ordre est le respect de la nature et des habitants de la région. En adoptant cette philosophie, vous profitez pleinement du sentiment de liberté que le voyage à vélo vous apporte.
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